Poème sans rime
Rêve
Lorsque le matin
Tu tires le rideau,
Ma question récurrente en hiver est :
Est-ce qu'il a neigé ?
Et cela veut dire:
Est-ce qu'une bonne surprise arivera ?
Bien sûr, à cette question en particulier
Tu ne peux pas répondre,
Moi non plus,
Mais poser la question
C'est rêver
Et rêver c'est se poser plein de questions.
(Iocasta Huppen)
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Poème sans rime
Guerre
Je n’ai pas été dans les tranchées
Mais je peux encore sentir la terreur,
Je n’ai donné aucun assaut
Mais le sifflement des balles persiste dans mes oreilles
Je n’ai pas avancé dans un dédale de ruines
Mais mon courage se nourrit de ce souvenir,
Je n'ai pas lutté pour ma survie
Mais je suis là à compter les heures
Je n'ai pas porté de camarades ensanglantés
Mais j'ai du sang partout sur moi,
Je n'ai ouvert aucune lettre réconfortante
Mais mes larmes se mettent à couler à chaque lecture
Je n'ai pas connu de trêve
Mais la Nuit Sainte je chante aussi,
Je n'ai pas été à la guerre
Mais la guerre est présente dans chaque fibre de mon corps
Le souvenir de la guerre
Se transmet de génération en génération
Pour que plus personne ne surgisse d'une tranchée,
Pour que plus personne n'avance fusil en joue dans des villes,
Pour que plus personne n'ait à porter de camarades blessés,
Pour que plus personne n'entonne des cantiques de Noël
Dans la neige mélangée à la boue et au sang.
(Iocasta Huppen, le 9 novembre 2022)
#armistice #11novembre
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Pantoum
Dorures plein l’horizon
Les feuilles sont bigrement vertes
Pour un mois d’octobre.
Ma porte pour toi, toujours ouverte,
Des sentiments, jamais sobre
Pour un mois d’octobre,
Les oiseaux chantent à tue-tête.
Des sentiments, jamais sobre,
En veux-tu encore des épithètes ?
Les oiseaux chantent à tue-tête,
Le soleil s'attarde au-dessus des toits.
En veux-tu encore des épithètes ?
Nous le savons, l'amour n'a rien d'courtois
Le soleil s'attarde au-dessus des toits,
La douceur plonge au coeur des arbres.
Nous le savons, l'amour n'a rien d'courtois,
Cette nuit, oh, prends bien garde !
La douceur plonge au coeur des arbres,
Dorures plein l'horizon.
Cette nuit, oh, prends bien garde,
Mon tendre sauvageon
Dorures plein l'horizon,
Ma porte pour toi, toujours ouverte.
Mon tendre sauvageons,
Les feuilles sont bigrement vertes.
(Iocasta Huppen)
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Poème avec rime
Après-midi de juin
Après l’orage
Le premier trille d’un oiseau
Ressemble comme deux gouttes d’eau
À une sonnette de vélo,
Deux coups
Et me voici sortie de ma rêverie
Après l'orage de juin
Le cours de la vie reprend
Avec le bleu et le soleil retrouvés,
De l'air frais rentre dans le salon
Par la porte vitrée
Après l'orage
Je garde un peu ma robe décolletée
Avec laquelle
Je suis passée sous les arbres mouillés
Après l'orage de juin
Le soleil fait naître de la brume
Sur la crête de la route en bitume
Près du petit cèdre
Après l'orage
Je convoque tous les bons souvenirs,
Mon humeur a maintenant
Un goût de glace à la vanille
Après l'orage de juin
Le premier trille d'un oiseau
Ressemble comme deux gouttes d'eau
À une sonnette de vélo,
Deux coups
Et ma rêverie est finie.
(Iocasta Huppen)
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Poème avec rime
La paix retrouvée
Je n’aime pas ces soirées
Qui amènent les paroles d’une musique égarée
Remontée des profondeurs imbibées
Par notre histoire avortée
Là, dans les limbes nauséabondes
Mon âme voudrait devenir vagabonde,
Sans relâche je lutte pour garder une bonde
À l’endroit du passé qui gronde
Quoi qu’il en soit, histoire passée, je t’avertis
Tu n’es que la copie de la copie,
Le gouffre duquel je suis sortie
Ne m’attire plus comme avant et promis,
Ma vie est tellement mieux ainsi
Ce soir j’ai laissé un peu de chaleur
Descendre jusqu’en ce lieu mort
Et je me suis aperçue que j’ai eu tort,
Tort de faire barrage avec mon corps
Une pensée j’ai eu, une pensée émue
Pour celle que je fus
Mon autre moi et moi, nous nous sommes connues,
Alors, je ne garderai plus
Cet endroit du passé qui grondait en continu
Sous la bonde incongrue
Que le soleil arrive enfin
Dans le gouffre sans fin
Dans lequel j’avais perdu le souffle qui était le mien,
Celle que je fus, pardonne-moi, si tu veux bien
Et partons main dans la main
L’horizon ne semble plus lointain,
Ce poème est le tien.
(Iocasta Huppen)