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Poèmes sans rime



Ce geste

Ce geste
lorsqu'un homme
accroche une fleur
à l'oreille d'une femme
n'est pas seulement
un geste d'amour

Ce geste contient
toute l'harmonie et toute la paix
dont la terre entière
aurait tant besoin.


(Iocasta Huppen - États d'âme, Éditions L'Harmattan, 2018)

Rêve


Lorsque le matin

Tu tires le rideau,

Ma question récurrente en hiver est :

Est-ce qu'il a neigé ?

Et cela veut dire:

Est-ce qu'une bonne surprise arivera ? 


Bien sûr, à cette question en particulier

Tu ne peux pas répondre,

Moi non plus,

Mais poser la question 

C'est rêver

Et rêver c'est se poser plein de questions. 


(Iocasta Huppen) 

Illustration: Irina Karkabi

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Poème avec rime



Ma neige

 

De derrière la vitre

Mon regard s’effrite

Lorsque les bourrasques déséquilibrent

Les arbres que les oiseaux évitent

 

La blancheur attendue est là

Sous le ciel j’imprime mes pas

Dans le bois entre les traces d’un chien

Et celles d’un lapin

 

Le ciel blanc au-dessus des yeux

Couchée, de la neige dans les cheveux

En oubliant presque le couvre-feu

Le bonhomme de neige et nous deux

 

La neige aura toujours ce pouvoir

De me montrer comme dans un miroir

La fillette sage et méritoire

Des années inquisitoires.


(Iocasta Huppen)

Chen Yuping - Pretty girl in the snow

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Phrases poétiques



Inlassablement, inlassablement…. la mer.

 

De derrière la dune, l’enfant crie : "J’ai trouvé la mer !"

 

De la terrasse jusqu’en bord des vagues, vingt pas environ.

 

En bord de mer, chaque heure a sa propre lumière.

 

Autant qu'une église, la mer recueille nos pensées et nos prières.



(Iocasta Huppen)

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Poème sans rime



Guerre

Je n’ai pas été dans les tranchées

Mais je peux encore sentir la terreur,

Je n’ai donné aucun assaut

Mais le sifflement des balles persiste dans mes oreilles

Je n’ai pas avancé dans un dédale de ruines

Mais mon courage se nourrit de ce souvenir,

Je n'ai pas lutté pour ma survie

Mais je suis là à compter les heures


Je n'ai pas porté de camarades ensanglantés

Mais j'ai du sang partout sur moi,

Je n'ai ouvert aucune lettre réconfortante 

Mais mes larmes se mettent à couler à chaque lecture 


Je n'ai pas connu de trêve 

Mais la Nuit Sainte je chante aussi,

Je n'ai pas été à la guerre

Mais la guerre est présente dans chaque fibre de mon corps


Le souvenir de la guerre

Se transmet de génération en génération

Pour que plus personne ne surgisse d'une tranchée,

Pour que plus personne n'avance fusil en joue dans des villes,

Pour que plus personne n'ait à porter de camarades blessés,

Pour que plus personne n'entonne des cantiques de Noël

Dans la neige mélangée à la boue et au sang. 


(Iocasta Huppen, le 9 novembre 2022) 


#armistice #11novembre 

Les Assis - Damien et Stéphane Cuvillier, Cicatrices de guerre(s), Collectif, Editions de la Gouttière

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Acrostiches



Arme

 

Accroché à mon poignet,

Riche bracelet d’or et pierreries.

M’aimes-tu ? Redis-le-moi…

Encore.



Rayon


Regardée

Avec avidité, depuis cette fenêtre.

Y a-t-il quelqu’un d’autre qui l’a aperçue ?

Oh, qu’elle est belle, la lune !

Nuit saupoudrée de givre.



Cerf


Clairière

Ensoleillée,

Rares se font les moments de grâce.

Familiarité visuelle avec un cerf.


(Iocasta Huppen)

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Peinture: Gérard Di-Maccio

Pantoum

(genre dérivé du pantoun malais; poème à rimes croisées)



Retrouvailles

 

Calme et douceur

Le parfum de la nuit

Nous voici dans la torpeur

D’un silence sans ennui

 

Le parfum de la nuit

Près des flammes des bougies

D’un silence sans ennui

Un goût de plaisir abouti

 

Près des flammes des bougies

Toujours ce même regard

Un goût de plaisir abouti

Lorsque le jour prend du retard

 

Toujours ce même regard

Avec toi j’aime rougir

Lorsque le jour prend du retard

Je n’arrête pas de sourire

 

Avec toi j’aime rougir

À l’heure de la chouette

Je n’arrête pas de sourire

De cet élixir, une lichette

 

À l’heure de la chouette

Nous voici dans la torpeur

De cet élixir, une lichette

Calme et douceur.


(Iocasta Huppen)