Illustration: Chen Yuping - Pretty girl in the snow

Illustration: Chen Yuping - Pretty girl in the snow

Poème sans rime


Rêve


Lorsque le matin

Tu tires le rideau,

Ma question récurrente en hiver est :

Est-ce qu'il a neigé ?

Et cela veut dire:

Est-ce qu'une bonne surprise arivera ? 


Bien sûr, à cette question en particulier

Tu ne peux pas répondre,

Moi non plus,

Mais poser la question 

C'est rêver

Et rêver c'est se poser plein de questions. 


(Iocasta Huppen) 

___________________________________________________________________________________________________________

Peinture: René Magritte - Le seize septembre

Peinture: René Magritte - Le seize septembre

Phrases poétiques


C’est le vent qui fait parler les arbres ou ce sont les arbres qui offrent une voix au vent ?

Sur le chemin dans la forêt, j’ai ouvert les bras pour étreindre le vent qui avait quitté la cime des arbres.

(Iocasta Huppen)


___________________________________________________________________________________________________________

Les Assis - Damien et Stéphane Cuvillier, Cicatrices de guerre(s), Collectif, Editions de la Gouttière

Les Assis - Damien et Stéphane Cuvillier, Cicatrices de guerre(s), Collectif, Editions de la Gouttière

Poème sans rime


Guerre

Je n’ai pas été dans les tranchées

Mais je peux encore sentir la terreur,

Je n’ai donné aucun assaut

Mais le sifflement des balles persiste dans mes oreilles

Je n’ai pas avancé dans un dédale de ruines

Mais mon courage se nourrit de ce souvenir,

Je n'ai pas lutté pour ma survie

Mais je suis là à compter les heures


Je n'ai pas porté de camarades ensanglantés

Mais j'ai du sang partout sur moi,

Je n'ai ouvert aucune lettre réconfortante 

Mais mes larmes se mettent à couler à chaque lecture 


Je n'ai pas connu de trêve 

Mais la Nuit Sainte je chante aussi,

Je n'ai pas été à la guerre

Mais la guerre est présente dans chaque fibre de mon corps


Le souvenir de la guerre

Se transmet de génération en génération

Pour que plus personne ne surgisse d'une tranchée,

Pour que plus personne n'avance fusil en joue dans des villes,

Pour que plus personne n'ait à porter de camarades blessés,

Pour que plus personne n'entonne des cantiques de Noël

Dans la neige mélangée à la boue et au sang. 


(Iocasta Huppen, le 9 novembre 2022) 


#armistice #11novembre 

___________________________________________________________________________________________________________

Illustration: Kazuho Shiihashi

Illustration: Kazuho Shiihashi

Acrostiche


Rayon


Regardée

Avec avidité depuis cette fenêtre.

Y a-t-il quelqu’un d’autre qui l’a aperçue ?

Oh, qu’elle est belle, la lune !

Nuit saupoudrée de givre.


(Iocasta Huppen)

___________________________________________________________________________________________________________

Peinture: Gérard Di-Maccio

Peinture: Gérard Di-Maccio

Pantoum


Dorures plein l’horizon 


Les feuilles sont bigrement vertes

Pour un mois d’octobre.

Ma porte pour toi, toujours ouverte,

Des sentiments, jamais sobre


Pour un mois d’octobre,

Les oiseaux chantent à tue-tête.

Des sentiments, jamais sobre,

En veux-tu encore des épithètes ? 


Les oiseaux chantent à tue-tête,

Le soleil s'attarde au-dessus des toits.

En veux-tu encore des épithètes ?

Nous le savons, l'amour n'a rien d'courtois


Le soleil s'attarde au-dessus des toits,

La douceur plonge au coeur des arbres.

Nous le savons, l'amour n'a rien d'courtois,

Cette nuit, oh, prends bien garde !


La douceur plonge au coeur des arbres,

Dorures plein l'horizon.

Cette nuit, oh, prends bien garde,

Mon tendre sauvageon


Dorures plein l'horizon,

Ma porte pour toi, toujours ouverte.

Mon tendre sauvageons,

Les feuilles sont bigrement vertes. 


(Iocasta Huppen) 

___________________________________________________________________________________________________________

Peinture: Sandra Jane Suleski

Peinture: Sandra Jane Suleski

Poème avec rime


Après-midi de juin


Après l’orage

Le premier trille d’un oiseau

Ressemble comme deux gouttes d’eau

À une sonnette de vélo,

Deux coups

Et me voici sortie de ma rêverie


Après l'orage de juin

Le cours de la vie reprend

Avec le bleu et le soleil retrouvés,

De l'air frais rentre dans le salon

Par la porte vitrée


Après l'orage

Je garde un peu ma robe décolletée

Avec laquelle

Je suis passée sous les arbres mouillés


Après l'orage de juin

Le soleil fait naître de la brume

Sur la crête de la route en bitume

Près du petit cèdre


Après l'orage

Je convoque tous les bons souvenirs,

Mon humeur a maintenant 

Un goût de glace à la vanille


Après l'orage de juin

Le premier trille d'un oiseau

Ressemble comme deux gouttes d'eau

À une sonnette de vélo,

Deux coups

Et ma rêverie est finie.


(Iocasta Huppen) 


___________________________________________________________________________________________________________

Peinture: Steven DaLuz

Peinture: Steven DaLuz

Poème avec rime


La paix retrouvée


Je n’aime pas ces soirées

Qui amènent les paroles d’une musique égarée

Remontée des profondeurs imbibées

Par notre histoire avortée


Là, dans les limbes nauséabondes

Mon âme voudrait devenir vagabonde,

Sans relâche je lutte pour garder une bonde

À l’endroit du passé qui gronde

 

Quoi qu’il en soit, histoire passée, je t’avertis

Tu n’es que la copie de la copie,

Le gouffre duquel je suis sortie

Ne m’attire plus comme avant et promis,

Ma vie est tellement mieux ainsi


Ce soir j’ai laissé un peu de chaleur

Descendre jusqu’en ce lieu mort

Et je me suis aperçue que j’ai eu tort,

Tort de faire barrage avec mon corps

 

Une pensée j’ai eu, une pensée émue

Pour celle que je fus

Mon autre moi et moi, nous nous sommes connues,

Alors, je ne garderai plus

Cet endroit du passé qui grondait en continu

Sous la bonde incongrue


Que le soleil arrive enfin

Dans le gouffre sans fin

Dans lequel j’avais perdu le souffle qui était le mien,

Celle que je fus, pardonne-moi, si tu veux bien

Et partons main dans la main

L’horizon ne semble plus lointain,

Ce poème est le tien.


(Iocasta Huppen) 

Partagez cette page